PANDEMIE ET SERVICES PUBLICS 3/6 : LE RESEAU des MEDIATHEQUES

Comment gérer un équipement public en temps de crise ? Comment organiser le travail ? Comment ont été vécus les confinements et déconditionnements successifs ? Comment garder le lien avec le public et, surtout, comment préparer l’après ? Toute la semaine, nous vous proposons de partir à la rencontre des hommes et des femmes qui pilotent nos équipements et services intercommunaux en temps de crise.

Aujourd’hui, rencontre avec Sandrine Claudon, directrice des médiathèques, et Hervé Hébert, adjoint à la direction de l’Orangerie.  

• Comment ont été gérés les confinements successifs des médiathèques ?

Sandrine Claudon : Entre le 16 mars et le 18 mai 2020 les deux médiathèques, à Lunéville comme à Baccarat, ont fermé leurs portes et tout le personnel a été placé en télétravail. Nous avons la chance de disposer d'un parc informatique assez important au sein de la médiathèque, donc chaque agent a pu bénéficier d’un ordinateur portable ou d’une tablette pour continuer de travailler à distance.

Nous nous sommes appuyés sur les directives du Ministère de la culture, de la Préfecture de Meurthe-et-Moselle et celles des associations professionnelles (comme par exemple l’Association des Bibliothécaires de France) pour la réouverture des établissements en juin. Un protocole très strict a été mis en place pour le prêt et le retour des ouvrages.

Hervé Hébert : Depuis le 4 décembre, les deux médiathèques sont ouvertes aux horaires habituels mais avec certaines adaptations, pour les procédures internes du circuit du document, pour les différents espaces de lecture et pour les animations. Nos saisons culturelles ont malheureusement été reportées plusieurs fois ou annulées pour certaines d’entre elles.

• Comment se passe actuellement le prêt des ouvrages ?

SC : A situation exceptionnelle, dispositif exceptionnel : depuis le 3 juin, un système de retrait de commande « par drive » est proposé au public dans le plus strict respect des distanciations exigées par la situation sanitaire. Les commandes se font par le site Internet des médiathèques et un rendez-vous est fixé pour le retrait. Ce dispositif est ouvert uniquement aux adhérents. Depuis nous avons ré-ouvert nos médiathèques mais nous avons décidé de maintenir ce dispositif qui fonctionne bien.

• Et le retour des emprunts ?

HH : Le retour des emprunts se fait uniquement par la borne de retour située à l’Orangerie côté parking et à Baccarat située juste devant l’entrée.

Et là, pour les ouvrages, commence un long processus sanitaire : pour les nouveaux achats, chaque document est mis en quarantaine avant d’être ensuite saisi dans la base informatique puis mis à disposition du public en rayon. Nous sommes passés de quasiment 30 jours d’isolement à aujourd’hui 10 jours pour un ouvrage avant d’être disponible aux lecteurs. Cela nécessite une organisation très précise sur le circuit de chaque document.

• Comment avez-vous organisé le travail des équipes ?

SC : Le télétravail nous a permis de travailler différemment, sans le public évidemment mais finalement très enrichissant pour l’équipe. Les relations sont différentes par visioconférences et la dimension psychologique est très importante. Les équipes ne sont adaptées en travaillant sur de nouveaux projets, de nouvelles animations et ont surtout profité de ce temps pour se former et monter en compétences. Les agents se sont  formés grâce à des webinaires ou des ressources en ligne sur le web, avec l’appui de nos deux agents spécialisés dans le numérique et très dynamiques, Mathieu et Arthur.

Trois agents du réseau des médiathèques ont renforcé le standard du centre de vaccination, géré par  le GHEMM (Groupe Hospitalier de l'Est de la Meurthe-et-Moselle), pendant deux semaines.

• Comment répondez-vous à la demande des scolaires ?

HH : Dès la reprise de l’école le 2 juin 2020, les élus ont souhaité que les classes puissent profiter des médiathèques avec bien sûr un temps d'accueil dédié à l'explication des gestes barrières. Les enfants sont accueillis par groupe de 8 élèves maximum et d’un enseignant accompagnant, de la grande section de maternelle au CM2.

SC : Mais il y a beaucoup de contraintes sanitaires pour un déplacement en bus. Alors pour plus de facilité, les médiathèques se déplacent également dans les écoles, les centres aérés et les crèches. Les  bibliothécaires sont devenues de véritables ambassadrices de la lecture publique hors les murs.

• Comment gardez-vous le contact avec le public ?

SC : Dans ce contexte exceptionnel engendré par la crise sanitaire, l’accent est mis sur le numérique en proposant des rendez-vous en ligne (heures du conte, quizz, …), du téléchargement de ressources (presse, livres, parcours de formation). Nous communiquons le maximum d’information sur notre page Facebook pour annoncer les informations pratiques, les nouveaux achats, les animations prévues.

• Comment prévoyez-vous l’après-crise ?

SC : Nous ne savons pas comment la situation va évoluer dans les semaines et les mois qui viennent. Pour l’instant nous ne prévoyons pas de grandes manifestations mais plutôt des actions avec une petite jauge (6 personnes), des animations réalisées par les bibliothécaires ou avec des intervenants locaux. Ainsi en cas de nouveaux protocoles sanitaires, nous pourrons nous adapter.

La médiathèque de Baccarat

Après une ouverture officielle le 21 janvier 2020, Florence Normand, nouvelle responsable de la Médiathèque à Baccarat présente ce démarrage un peu particulier. 

• Comment ont été gérés les confinements successifs ?

Florence Normand : Après seulement huit semaines d’ouverture et un énorme succès auprès du public, la médiathèque a fermé ses portes avec l’annonce du premier confinement. Dur, dur la transition ! Toute cette nouvelle équipe s’est mise au télétravail et nous avons appris à nous connaître et à travailler ensemble dans des conditions particulièrement inhabituelles. Avec nos collègues de l’Orangerie nous avons travaillé sur le protocole sanitaire et les différentes phases (réouvertures, re-confinement, prêts à emporter, ...).

Le premier confinement a réellement coupé l’élan et la belle dynamique de départ avec près de 200 visiteurs par semaine le premier mois d’ouverture. Nous n’avons cependant pas eu le temps de fidéliser nos usagers et aujourd’hui la fréquentation est bien en deçà de nos attentes.

• Comment avez-vous organisé votre travail ?

FN : Cette période peu ordinaire nous a permis de rédiger plusieurs documents en lien avec l’ouverture de la médiathèque : un projet d’établissement, une charte documentaire, une charte d’animation culturelle et une charte d’accueil de groupes.

Nous avons également beaucoup réfléchi à la façon de travailler avec les usagers. Nous nous sommes interrogés quant à notre capacité à nous adapter à chaque public ainsi qu’à l’accueil qu’on pouvait et devait lui réserver.

Par ailleurs la notion de « troisième lieu » en médiathèque a été importante dans notre réflexion d’ensemble. Nous voulons que la Médiathèque à Baccarat demeure un lieu accessible à tous, entre la maison et le travail.

Je souhaite que la médiathèque de Baccarat rayonne sur tout le sud-Est du territoire. C’est là sa mission. Concernant l’action culturelle, nous travaillons étroitement avec la bibliothèque de Flin, qui fait partie du Réseau des médiathèques du Lunévillois.

• Que prévoyez-vous pour l’après-crise ?

FN : Lorsque les conditions sanitaires nous le permettront, nous lancerons une communication importante pour continuer de faire connaître la médiathèque sur le territoire sud-est de la CCTLB. Il faut savoir qu’en plus des ouvrages classiques nous proposons un fond documentaire spécifique sur 3 thèmes : le Grand Est, nature/ environnement et les métiers d’arts.

Des animations, expositions et conférences viendront compléter ces thématiques.

Pour aller plus loin :

• Pandémie et services publics 1/6 : le siège administratif de la CCTLB
• Pandémie et services publics 2/6 : les piscines