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La playlist d'Emilie, épisode 10 : Campra

En 1748, alors qu’elle a suivi Voltaire à la cour du roi Stanislas à Lunéville, Émilie du Châtelet interprète le rôle-titre d’une pastorale héroïque créée cinquante ans plus tôt à Fontainebleau pour le mariage de Louis de France et de Marie-Adélaïde. L’opéra tombe ensuite dans l’oubli et il faudra patienter 250 ans et les 02, 03 et 04 juin prochains pour enfin voir se réveiller les incroyables personnages créés par Destouches grâce aux efforts conjugués de la Communauté de Communes du Territoire Lunéville à Baccarat et du chef de Chœur Vincent Tricarri.

Pour patienter, retrouvez chaque semaine sur la page Facebook « Émilie(s) » un nouvel épisode de la Playlist d’Émilie consacré aux œuvres et compositeurs baroques qui ont fait du XVIIIème siècle celui la grande musique…

 

LE COMPOSITEUR

Doté d’un caractère indépendant et colérique (plus tard également qualifié de rebelle, dépravé et libertin), qui lui jouera bien des tours au cours de sa vie, André Campra nait à Aix-en-Provence d’un père chirurgien et musicien qui lui inculquera les bases de la musique. Il est l’une des figures dominantes de la musique française du début du XVIIIe siècle, resté célèbre autant par sa musique religieuse que par ses œuvres profanes.

 

Musique sacrée

Il entre comme enfant de chœur à la cathédrale Saint-Sauveur et y parfait sa formation musicale auprès de Guillaume Poitevin. En 1678, il reçoit la tonsure. La même année, il est nommé maître de chapelle à la cathédrale de Toulon. Il exerce ensuite ces fonctions à la cathédrale Saint-Trophime d’Arles (1681). En 1683, il devient maître de musique à la maîtrise de la cathédrale Saint-Etienne de Toulouse.

« Dès ses débuts, Campra montre un esprit indépendant et colérique. A Toulon, il est renvoyé pour avoir participé à des activités théâtrales. A Toulouse, il obtient d’étoffer les moyens musicaux mis à sa disposition (serpents et basse de viole) par l’adjonction de deux pupitres de violons. Mais ses exigences, ses abus de boisson, sa réputation d’homme dépravé finissent par lui attirer les foudres du chapitre de Saint-Etienne, qui exige de lui, en 1791, qu’il lui soumette désormais toutes ses compositions avant de les faire exécuter » précise la biographie qui lui est consacrée sur le site de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

 

Les relations sont si tendues que Campra demande et obtient, en 1694, un congé de quatre mois pour se rendre à Paris. Il ne reviendra plus : le 21 juin, il est élu à l’unanimité au poste de maître de musique à Notre-Dame de Paris.

Les relations entre Campra et la cathédrale sont des meilleures, et ses œuvres brillent d’un éclat particulier lors des concerts donnés le samedi par les enfants de chœur, baptisés motets. Le compositeur est animé d’une autre ambition : l’opéra.

 André Campra  Cathédrale St Sauveur d'Aix en Provence  Philippe d'Orléans, Duc de Chartres

 

Musique profane

En 1697, il fait créer sous un faux nom une comédie-ballet, L’Europe galante, à l’Académie royale de musique (l’Opéra de Paris). Cet ouvrage donne ses lettres de noblesses au genre naissant de l’opéra-ballet, inauguré deux ans plus tôt par Pascal Collasse (Les Saisons) et ensuite mis à l’honneur, notamment, par Rameau. Mais son succès vaut à Campra quelques inimitiés dans le clergé. On chante alors, sur un air connu :

Quand notre archevêque saura
De qui est le nouvel opéra
De la cathédrale, Monsieur Campra
Décampera.

Après le succès de L’Europe galante, il connaît des fortunes diverses à l’opéra avec les tragédies en musique Hésione (1700), Aréthuse, ou La Vengeance de l’Amour (1701), Tancrède (1702), Iphigénie en Tauride, commencée par Desmarets (1704), Alcine (1705) et Hippodamie (1708). Il semble toutefois qu’il soit entré dans ces années au service du duc de Chartres, le futur régent, qui adorait sa musique teintée de d’italianité. Cependant, ce revirement de Campra en laissera beaucoup preplexes, dont notamment l’érudit Jean-Laurent Lecerf de La Viéville, qui écrit :

« Si ce malheureux garçon n’avait point déserté l’Eglise pour aller servir l’Opéra, je pense que l’Italie aurait peine à tenir contre nous. »

A l’Académie royale de musique, Campra s’applique de la même manière à unir les styles français et italien. L’opéra-ballet Les Festes vénitiennes comporte même des passages chantés en italien (ce que l’intrigue autorise en toute bienséance). Avec cet ouvrage, Campra commence à s’imposer vraiment auprès du public.

 

Retour au religieux

En 1720, Campra retourne à la musique religieuse. Après quatorze ans de silence en ce domaine, il publie son cinquième et dernier livre de petits motets. Il semble qu’il soit maître de musique au collège Louis-le-Grand en 1721. L’année suivante, il devient directeur de la musique du prince de Conti, Louis-Armand de Bourbon. Campra se tourne alors presque exclusivement vers la musique religieuse, avec une floraison de psaumes et de grands motets, et la fameuse Messe de requiem.

Il renoue toutefois des liens avec l’Académie royale de musique en y obtenant le titre d’inspecteur général assorti d’un salaire de 1500 livres, en remplacement de Destousches. Deux ans plus tard, il est nommé directeur de la musique. Les reprises de ses deux ouvrages les plus célèbres, L’Europe galante et Les Festes vénitiennes, font un triomphe. Toutefois, sa charge versaillaise est lourde, d’autant qu’il occupe les quartiers de Delalande et Bernier à leurs morts respectives (1726 et 1734). Ainsi accaparé, il ne pourra plus guère composer pour l’opéra : seule la tragédie en musique Achille et Déidamie sera encore portée à la scène (1735), Les Noces de Vénus (1740), au sujet jugé trop scabreux, n’accédant jamais à ce privilège.

André Campra meurt le 29 juin 1744, à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Il lègue la majeure partie de ses biens à son domestique et à sa cuisinière, auprès desquels il a fini sa vie dans la pauvreté et la maladie, dans un petit appartement versaillais.

LA PLAYLIST

Retrouvez chaque semaine quelques titres du compositeur dans la playlist en fin d'article :