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8/10 « Zéro phyto » : la ville de lunéville

L’utilisation de produits phytosanitaires par les collectivités et les particuliers est aujourd’hui formellement interdite. Et qu’il s’agisse de jardins privés ou d'espace public (parcs et jardins, cimetières, entrées de ville et village, bordures de voies, …), la gestion de ces espaces verts nécessite à présent des méthodes douces et durables.

Cette semaine, direction Lunéville, commune engagée de longue date dans la gestion durable de ses espaces verts et de son patrimoine naturel. Une évolution profonde, reconnue par une 3ème, puis une 4ème Fleur et l’octroi de la plus haute distinction du label « Commune Nature » (3 Libellules). Rencontre avec Catherine Laurain, adjointe déléguée aux Parcs et jardins, à l’entretien du cimetière et à la restauration municipale et avec Claire Lefèvre, responsable du service Parc, jardins et aménagements paysagers de la Ville.

  • Comment la Ville a-t-elle su faire évoluer ses pratiques, notamment concernant l’usage des produits phytosanitaires ?  

Catherine Laurain : nous avons commencé très tôt à intégrer un mode de gestion plus durable de nos espaces verts. Adopter la démarche « zéro phyto » s’est fait de façon progressive : à la fois en faisant évoluer les techniques utilisées mais également en cherchant à expliquer notre démarche à toute la population. Nous étions un peu précurseurs et il s’agissait de convaincre de la justesse de notre approche qui visait à protéger la santé humaine et l'environnement en recourant à des méthodes d'entretien plus respectueuses de l'environnement. La Ville se transformait. Je pense notamment au cimetière où il fallait accepter le retour du végétal dans les allées, autour des tombes, … Les collectivités doivent servir de moteur et associer la population à ces nouvelles méthodes plus respectueuses. Pour éviter une contrainte trop pesante, tout effort qui est progressif est mieux perçu.

On passe d’une attitude facile, avec les produits phytosanitaires qui sont rapides et efficaces, à un changement de pratique que nous devons adapter à chaque espace : nous n’abordons pas une cour d’école de la même manière qu’un massif, nous n’entretenons pas les bords de chemin de la même façon que les bords de route. Chaque espace demande sa technique, son moment, son outillage, ses plantations, … Nous avons été accompagnés par la Fredon Grand Est pour élaborer un plan de gestion différenciée. Ainsi, le service « Parcs, jardins et aménagements paysagers» de la Ville utilise des procédés d’entretien naturels pour les espaces verts comme le paillage, le fauchage, les plantations de vivaces et le désherbage manuel pour l’entretien des massifs.

Tous les travaux menés, dans la commune, sont accompagnés d’une réflexion de végétalisation. La Ville doit être un exemple pour les habitants, l’objectif étant ainsi de sensibiliser à la protection de l’environnement.

  • Et les labels environnementaux obtenus par la Ville ?

Claire Lefèvre: Le label « Commune Nature » symbolise le bannissement des produits phytosanitaires dans le traitement des herbes indésirables sur le domaine public et attribue des « libellules » pour récompenser les démarches « zéro pesticide » dans les massifs, le long des trottoirs, dans les allées du cimetière… La suppression des pesticides étant devenue une réalité, Lunéville s’est vu attribuer 1 libellule en 2018 puis 3 en 2019. L’élaboration d’un plan de gestion différenciée pour l’entretien des massifs et espaces verts et la formation des agents aux méthodes permettant la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires et la maîtrise des techniques alternatives au désherbage chimique font partie des critères d’attribution du label. 

La distinction 4ème fleurs, accordée par le Jury National des Villes et Villages Fleuris est également un long travail qu’accomplissent les agents du Service Parcs et Jardins au quotidien. Récemment nous avons été auditionnés pour bénéficier du niveau « bonus » de « Commune Nature ». Ce critère permet l'intégration d’éléments plus ambitieux en matière de biodiversité (adaptation au changement climatique, développement de la nature dans l’espace urbain, limitation de l'imperméabilisation des sols, création de couloirs écologiques…).

C Laurain : Ces deux distinctions se rejoignent sur certains critères notamment la biodiversité et les actions de sensibilisation auprès de la population sur les démarches environnementales engagées. C’est le reflet de notre cadre de vie : est-ce qu’il fait bon vivre à Lunéville ?

  • Comment se compose le service « Parcs, jardins et aménagements paysagers »?

C Lefèvre : 15 agents  travaillent au sein du service « Parcs, jardins et aménagement paysagers » de la Ville dont deux agents qui gèrent les serres, deux pour les stades, une animatrice qui s’occupe de toute la sensibilisation auprès du public et nous avons trois apprentis à l’année.

Les espaces verts de la ville représentent 19 hectares à caractère horticole, 5 hectares pour le cimetière et 8 hectares pour les stades.

Nous produisons 100% des plantes nécessaires au fleurissement (suspensions et massifs) dans nos propres serres. L’objectif est d’avoir une large gamme pour une floraison toute la saison. Les plantes sont variées et toutes sont adaptées à la région. Le choix est de conserver un fleurissement purement ornemental à des endroits stratégiques comme le square de la mairie, les entrées de ville pour témoigner du dynamisme de la Ville et servir de vitrine.

  • Quels sont les projets menés par la collectivité ?

C Laurain : A chaque travaux de voirie, on réintroduit le végétal. Récemment, la réfection de la rue de Vic où l’on peut découvrir une rue à présent arborée de part et d’autre ainsi qu’une nouvelle piste cyclable. Pour le cimetière - qui est une des plus importantes actions du plan de gestion, notre idée était d’engazonner les allées qui étaient auparavant en gravillon. Cela demandait, sans produits phytosanitaires, un entretien manuel fastidieux pour arracher toutes les herbes qui y poussaient. Nous avons privilégié l’intégration d’un mélange terre/pierre et la plantation d’un gazon pour permettre au sol d’être plus portant. C’est à présent plus facile à entretenir. Il a fallu également mettre en place une communication pour convaincre les usagers d’éviter les produits chimiques pour l’entretien des tombes.

Place des remparts, nous avons réalisé un atelier participatif pour les habitants afin de végétaliser les pieds de murs. Pour le réaménagement de la place Victor Hugo, la réflexion, menée pendant le premier confinement, a été de créer une atmosphère de quartier. Autrefois la place s’appelait la « mini-forêt », donc nous avons souhaité recréer cette ambiance en végétalisant et en installant du mobilier urbain.

La municipalité a également prévu de réaménager une cour d’école chaque année. Pour cette première, la cour de l’école Demangeot a été végétalisée sur plus de 1400m2 contre 200m2 auparavant. Toutes les cours sont en béton, l’objectif étant de rendre la surface perméable, pour retrouver une meilleure infiltration de l’eau. Toutes ces actions font partie d'une politique globale de développement durable destinée à protéger l’environnement, notre environnement, et à offrir un cadre de vie agréable et diversifié tout en favorisant la biodiversité.

 

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