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6/10  « Zéro phyto » : demi-journée technique avec Fredon Grand Est

L’utilisation de produits phytosanitaires par les collectivités et les particuliers est aujourd’hui formellement interdite. Et qu’il s’agisse de jardins privés ou d'espace public (parcs et jardins, cimetières, entrées de ville et village, bordures de voies, …), la gestion de ces espaces verts nécessite à présent des méthodes douces et durables. Pour accompagner ces changements, 36 communes volontaires du territoire sont à l’initiative d’une démarche, intitulée « Zéro Phyto », portée par la Communauté de Communes et soutenue par la Région Grand Est et l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse.

Un après-midi technique, sur la gestion durable des espaces verts, était organisé jeudi dernier à Flin par la Fredon Grand Est, en présence de Bruno Minutiello, Président de la Communauté de communes du territoire de Lunéville à Baccarat et de Jean-Paul François Vice-Président délégué à l'Environnement et maire de la commune de Flin. Elus et agents des services techniques sont venus partager leurs expériences et échanger sur ces nouvelles pratiques. Explications.

Fredon Grand Est, antenne de Malzéville, en partenariat avec la Communauté de communes du territoire de Lunéville à Baccarat et la commune de Flin avait convié les élus et les agents techniques de l’ensemble des communes de Lorraine à un après-midi d’échange sur la gestion durable des espaces verts communaux. La quarantaine de personnes présentes a ainsi pu partager son retour d’expérience et échanger sur ces nouvelles pratiques. Et par cette belle journée ensoleillée, le groupe s’est ensuite dirigé vers le cimetière pour découvrir le nouvel aménagement : « Il est primordial que les communes s’inscrivent dans cette nouvelle transition. Aujourd’hui l’ensemble des co-financeurs sont là pour vous accompagner et des professionnels comme Fredon Grand Est vous aide et vous oriente dans votre réflexion. Il ne faut pas considérer cela comme une simple contrainte réglementaire mais avant tout comme une démarche collective afin de préserver l’environnement pour nos générations futures. Ayons à l’esprit que nous construisons l’avenir de nos enfants » introduisait le président de la Communauté de communes en insistant sur cet enjeu de taille.

  

Arnaud Fourrey, conseiller environnement à la Fredon a présenté différentes solutions techniques « La gestion différenciée est une méthode alternative aux produits phytosanitaires pour l’entretien de nos espaces verts en prenant en compte différents aspects comme la santé des végétaux, la santé publique et la protection de l’environnement. C’est un travail à long terme et cela demande aussi beaucoup de pédagogie auprès de la population. ».

  • Gestion différenciée ?

La gestion différenciée (parfois qualifiée de gestion harmonique, gestion raisonnée durable ou gestion évolutive durable) est une façon de gérer les espaces verts en milieu urbain qui consiste à appliquer à « chaque élément du patrimoine (foncier et végétal) un traitement spécifique, avec des niveaux de prestation variables selon la catégorie dont il relève (parc ou jardin), sa fonction culturelle, sociale et biologique, son rôle dans le tissu urbain et la relation qu'on souhaite créer avec le végétal ». Ainsi chaque espace vert étant différent, il convient de lui appliquer des méthodes qui lui sont propres. Selon cette approche qui s'inspire de techniques agricoles traditionnelles ou de gestions douces, il est par exemple inutile, voire écologiquement non pertinent de tondre systématiquement et souvent toutes les surfaces enherbées, ce qui conduit à n'obtenir qu'un même milieu (pelouse rase), presque monospécifique, c'est-à-dire banal et très appauvri en biodiversité, ne développant que peu de services écologiques, peu utile pour la faune. La gestion différenciée, dans ce cas proposera que certains espaces moins fréquentés, aux sols plus fragiles, ou écologiquement précieux soient laissés à eux-mêmes, fauchés ou extensivement pâturés, éventuellement même une fois tous les deux ans sur certaines parties afin d'y conserver des refuges pour la biodiversité et une plus grande diversité de paysages, alors que d'autres seront intensivement tondus en raison de leurs fonctions ; l'exemple extrême étant celui du terrain de football destiné aux compétitions.

Conçu comme un après-midi d’échange d’expérience et de dialogue, les questions furent nombreuses : faut-il privilégier les plantes vivaces ou les plantes annuelles ? A quel endroit ? A qui revient la responsabilité d’entretenir les trottoirs ? Et pour le cimetière, qui entretient les entourages de tombes ? Que dit la réglementation ? Et la sécurité ? Et Arnaud Fourrey d’insister : « la gestion différenciée doit être adapté à chaque environnement. La gestion durable d’un espace vert n’est pas un retour en arrière, mais bien une évolution positive des pratiques et de nos paysages ».

  • Visite commentée des espaces verts de la commune de Flin et zoom sur le cimetière

Profondément engagée dans cette approche différenciée, la commune de Flin mène depuis plusieurs années déjà une véritable politique durable en matière de gestion des espaces verts : végétalisation intégrale du cimetière, création de nouveaux espaces, acquisition d’outils de désherbage alternatif…

Jean-Paul François, Vice-Président délégué à l'Environnement et maire de la commune de Flin

« Nous avons commencé à mener la réflexion dès 2016 au sein du conseil municipal. Progressivement nous avons trouvé des solutions alternatives pour éviter l’utilisation des produits phytosanitaires comme le vinaigre blanc, la technique de brûlage ou  le désherbage à la main. Avec les nouveaux élus, nous avons désherbé le cimetière manuellement et là, le constat a été brutal : 30 heures de travail à recommencer 3 semaines plus tard ! Le plan de gestion différenciée mené par Fredon Grand Est, grâce à l'accompagnement de l'intercommunalité, nous a permis de trouver des solutions et surtout, après un état des lieux de chaque espace vert de la commune, des solutions adaptées tout en habituant progressivement la population au fauchage tardif. Le travail le plus important concerne le cimetière. »

L’entreprise « Paysagiste par Nature » mandatée par la commune pour végétaliser le cimetière de Flin, était représentée par Arnaud Hachon « Notre travail consiste à requalifier et gérer les extérieurs privés ou publics, anciens, naturels ou urbains, dans le respect de l’environnement et la valorisation de la biodiversité. Nous considérons le cimetière comme étant un espace de vie. Nous y travaillons avec beaucoup de respect pour l’environnement en convertissant ces zones souvent très minéralisées. La végétalisation des allées permet un entretien simplifié tout en se passant d'herbicides. Nous utilisons des matériaux constitués de matériaux locaux stables et végétalisables. ».

Application du plan de gestion différenciée sur la commune de Flin

  • Le cimetière

Le cimetière a été végétalisé en septembre 2020. Les allées en gravillons ont été bêchées puis un apport de 5 centimètres de mélange spécifique engazonné qui s’adapte aux saisons (graminées, fécules rouges, micro trèfles) a été semé Les matériaux sont réutilisés sur place, aucun déchet n’est sorti du cimetière. 

  • Tonte différenciée

Le plus important est de bien cerner les zones favorables pour une tonte moins régulière. Des prairies fleuries ont été mises en place à certains endroits de la commune et notamment sur l’espace aire de jeux.

  • Les allées et caniveaux

Le désherbage des allées à la machine fonctionne plutôt bien si l’on agit sur les jeunes pousses. Certaines zones demandent peu d’intervention et pour d’autres les passages seront plus fréquents en fonction de la nature du sol. Une réflexion est encore à mener sur la partie caniveaux en pavés pour trouver d’autres solutions plus efficaces.

  • Les massifs

La commune a réduit de 2/3 les surfaces de fleurs annuelles et a mis en place des zones de prairies fleuries. Lors de la taille des arbres, les branchages sont broyés et utilisés en paillage pour couvrir les arbustes dans les massifs.

 
   
  • Le nichoir à mésanges, pensez-y !

Un couple de mésanges peut manger plus de 500 chenilles par jour permettant donc d'enrayer la prolifération lors des saisons chaudes. La mise en place de nichoirs à mésanges est une solution idéale pour attirer ces oiseaux dans les zones impactées par les insectes.

 
 

Pour en savoir plus

1/10 « Zéro phyto » : c’est quoi ?
2/10 « Zéro phyto » : le plan de gestion différenciée
3/10 « Zéro phyto » : la distinction "Commune Nature"
4/10 « Zéro phyto » : l'éducation à l'environnement
5/10 « Zéro phyto » : la ville de Baccarat